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Professeur de sociologie et d'histoire.

mercredi 28 février 2007

Pourquoi voter? Voter pour quoi?

Une autre campagne électorale est en cours. Tout comme celle de 2003, les mêmes thèmes refont surface : santé, éducation, baisses d’impôt, paiement de la dette, environnement, etc. Les partisans campent leurs positions respectives sur le programme de leur parti. Ils le font d’une manière dogmatique, comme si l’élection de leurs représentants allait modifier le cours de l’histoire du Québec. Simple idéalisation partisane ou exagération de la réalité?
En fait, ces partisans n’ont pas toujours tort de penser que l’élection d’un nouveau parti peut représenter un renouveau idéologique pour une société. Deux exemples : les élections du PLQ et de «l’équipe du tonnerre» de Jean Lesage en 1960 et du PQ de René Lévesque en 1976 qui ont toutes deux accéléré la modernisation du Québec.

Pourtant, chaque fois qu’une campagne électorale s’entame – qu’elle soit fédérale ou provinciale – les mêmes discours désillusionnés et cyniques refont surface. «Blanc bonnet, bonnet blanc» disent certains. D’autres arguent que les vrais partis susceptibles de modifier le cours des choses sont, et restent toujours, dans l’opposition. Mais à force de répéter haut et fort que nous vivons en démocratie, nous en venons à oublier que la démocratie est un projet perpétuellement inachevée. Certains (et je suis de ceux-là) diraient même qu’il s’agit d’une utopie dont on s’éloigne plutôt qu’on ne s’approche depuis quelques années. Et les discours cyniques ne peuvent qu’aggraver les choses.

Parmi les raisons qui nous font croire que la politique n’est plus qu’au service de l’Ordre marchand, il y a les travers des systèmes bipartites comme aux États-Unis, le poids de plus en plus important des lobbies et groupes de pression dans la prise de décisions de nos gouvernants ainsi que l’ouverture des marchés à la globalisation entraînant des pertes d’emplois et une baisse des conditions de travail. Lentement mais sûrement, l’idéologie néolibérale élimine, privatise et sous-traite dans un objectif d’efficience, de profit et de croissance. C’est «l’éloge de la richesse» et les gouvernements autant que les mouvements sociaux ne peuvent rien y changer. C’est, du moins, la vision pessimiste.

Pourtant, depuis cinq ou dix années, l’environnement est passé d’un sujet d’écolos et d’intellos à une préoccupation populaire. «L’ex-futur» président des États-Unis Al Gore mène une énorme campagne de sensibilisation pour contrer le réchauffement climatique. Des États et des municipalités américains ont pris des mesures radicales pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Au Canada, le gouvernement minoritaire de Stephen Harper s’est vu dans l’obligation de «verdir» son programme devant les revendications des partis d’opposition et des mouvements sociaux. Stéphane Dion a même réussi l’exploit de devenir chef du Parti libéral du Canada en cachant son manque de charisme (et de leadership diraient les conservateurs) derrière ses pancartes vertes. Chez les jeunes Québécois, l’environnement est devenu un sujet aussi important que l’éducation ou la santé. En ce sens, tous les partis doivent adapter leurs plate-formes électorales aux besoins de la population. Et ils le font!

Pourquoi aller voter si les partis politiques ont si peu de pouvoirs réels? Pour empêcher qu’on ne s’éveille un jour en se rendant compte que la démocratie est devenue qu’une supercherie, qu’une manipulation sémantique de l’esprit. La démocratie, ce n’est pas de léguer toutes nos responsabilités entre les mains de quelques élus. Les citoyens ont des droits, mais ils ont aussi des responsabilités comme celle de s’informer au-delà des quelques clips publicitaires et des reportages de 30 secondes de nos téléjournaux. Irez-vous consulter les programmes des cinq partis provinciaux sur Internet? Connaîtrez-vous les conséquences de votre choix le 26 mars prochain?

Albert Einstein disait que «le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent agir et refusent d’intervenir». Le simple fait de voter est bien insuffisant me direz-vous, mais c’est tout de même le premier geste symbolique de l’engagement citoyen.

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