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Professeur de sociologie et d'histoire.

jeudi 27 janvier 2011

Une semaine à Ramallah : un bilan

En octobre dernier, les Palestiniens ont relevé avec brio ce défi d’être les hôtes d’un Forum mondial sur l’éducation polycentrique (parmi les lieux, notons Ramallah, Jérusalem, Bethléem, Jenine et même Gaza). Il faut réaliser la complexité de la tâche dans le contexte géopolitique actuel. Au début de l’automne 2010, Alain Dumas et moi-même avons été mis au courant qu’un voyage se préparait pour participer à ce Forum à Ramallah. Rapidement, nous nous sommes lancés dans le projet. Œuvrant tous les deux dans le monde de l’éducation québécois, l’occasion était belle de démontrer notre solidarité pour les éducateurs de Palestine et pour le peuple palestinien de manière générale. 



Bien que le conflit israélo-palestinien se trouve au cœur de l’actualité depuis de nombreuses années, quand je réfléchis à cette très courte expérience d’une semaine à Ramallah, je n’ai aucunement envie de parler de guerre, d’intifada, de murs, de colonies, de checkpoints. Quoique ces réalités doivent constamment demeurer au cœur de nos préoccupations, je préfère mettre l’accent sur l’humanité du peuple palestinien.

En effet, la vie palestinienne ne peut se résumer au conflit israélo-palestinien. La Palestine, ce sont ces petits commerçants que nous rencontrions sur notre passage à Ramallah, ceux-là même qui cherchent à améliorer leurs conditions de vie malgré le chômage. La Palestine, ce sont aussi ces jeunes élèves de l’école de cirque qui ont réalisé un spectacle pendant le Forum mondial. Ils symbolisaient l’espoir d’une vie meilleure pour les plus jeunes générations. La Palestine, ce sont aussi ce groupe d’éducateurs palestiniens que nous avons rencontré et qui a témoigné d’un désir de créer des liens de solidarité avec des éducateurs du monde entier. Pour eux, la Palestine n’était pas qu’une zone sinistrée, elle pouvait être aussi une zone d’espoir et de paix. La Palestine, ce sont aussi (et particulièrement) ces femmes qui venaient témoigner de leur lutte pour améliorer leurs conditions de vie. Enfin, la Palestine, c’est aussi la présence d’un peuple qui veut débattre démocratiquement (sur la place des femmes, sur la place de la religion, sur les inégalités sociales), mais qui constate avec désarroi que chacun des débats est toujours lié intrinsèquement à la question du conflit avec Israël. 

Dans un tel contexte conflictuel, il est essentiel de condamner les actes de violence, qu’ils proviennent d’Israéliens ou de Palestiniens. Mais dans un cas comme dans l’autre, il faut aussi cesser de réduire ces peuples à la violence qu’ils perpètrent ou qu’ils subissent. Cesser de voir l’humanité d’un peuple, c’est ouvrir la voie à l’exécution des pires exactions à son égard. La séparation physique de deux peuples (même dans un objectif d’accroître la sécurité), ne peut mener qu’à la négation de l’humanité de l’autre. Petit à petit, l’humanité palestinienne cesse d’exister aux yeux des Israéliens; l’humanité israélienne cesse d’exister aux yeux des Palestiniens. C’est cela les conséquences d’un emmurement, qu’il soit physique ou psychologique. 



Pour un aperçu de ma semaine à Ramallah, vous pouvez consulter le blogue que j’ai tenu au cours du séjour. http://forumramallah.blogspot.com/
  

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