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Professeur de sociologie et d'histoire.

vendredi 24 septembre 2010

Faire la paix dans le Nord

Texte signé par Alexandre Gauthier, Brian Barton, Yves Rocheleau, Daniel Landry, Jean-Claude Landry, Luc Dufresne, Jean-Marc Lord, Annie Lafontaine et Élisabeth Cloutier.


Faire la paix, ce n'est pas seulement moins faire la guerre, c'est repenser nos modèles de développement et nos relations avec les autres peuples. Faire la paix peut être une stratégie politique en soi. Prenons l'exemple de la stratégie du gouvernement conservateur face aux territoires arctiques qui sont disputés entre plusieurs pays. Ce gouvernement applique un discours axé sur la force, qui présente l'Arctique comme une zone de confrontation plutôt qu'une zone de coopération. Dans cette optique, il monte en épingle chaque incursion d'un aéronef russe près des zones nordiques revendiquées par le Canada et chaque geste du gouvernement danois dans cette région. La majorité des commentateurs s'entend pour dire qu'il s'agit plutôt d'une pression symbolique de la part de ces pays que d'un réel danger. Pourtant, le gouvernement fédéral utilise ces prétendues menaces pour justifier la militarisation non seulement du Nord, mais du Canada en entier.



Il semble même que, la population ayant rejeté la poursuite de l'engagement en Afghanistan, monsieur Harper cherche dans la zone arctique une justification pour la militarisation déjà prévue. Il s'agit notamment de l'achat d'une flotte de F35 à près de 16 milliards, et des dépenses de 490 milliards pour la "défense" jusqu'à 2029. Car les conservateurs associent l'influence internationale du pays à sa puissance militaire; ce qui leur donne aussi l'occasion d'offrir des contrats militaires juteux aux producteurs d'armements. Ce modèle de développement du Nord risque d'entraîner une spirale militariste. Au final, tous les pays seront plus armés et personne ne sera davantage en sécurité.

Pour défendre les territoires réclamés par le Canada ainsi que par d'autres pays nordiques, il faut utiliser davantage la voie diplomatique. Le gouvernement doit concentrer ses efforts à la table du conseil de l'Arctique où siègent tous les pays polaires, plusieurs communautés autochtones du Nord et certains autres pays observateurs. Il pourrait, par ailleurs, y proposer la démilitarisation de cette zone géographique comme c'est le cas en Antarctique. Enfin, l'objectif ne doit pas être d'accaparer le maximum de territoire, mais d'assurer le bien-être des habitants. La meilleure manière d'affirmer la souveraineté du territoire nordique reconnu comme canadien, c'est de l'habiter, et de soutenir le développement et l'autonomie des nations autochtones. Dans cette optique, l'exploitation des ressources du Nord canadien par l'État et les compagnies minières devrait se faire de concert avec les communautés locales et non pas à leurs dépens comme on l'a vu trop souvent dans le passé. Le gouvernement canadien pourrait aussi investir dans la recherche scientifique et l'exploration nordique. Des missions civiles de recherche et de découverte stimuleraient les avancées technologiques canadiennes et permettraient d'assurer une présence canadienne importante dans ces lieux éloignés.

Si le Canada veut jouer un rôle de leader dans le développement de l'Arctique, il devrait le faire sur un modèle de paix. Au-delà des peurs et des contentieux diplomatiques, il faut miser sur le développement harmonieux des communautés nordiques de tous les pays concernés.

Publié au Nouvelliste le 22 septembre 2010

1 commentaire:

Anonyme a dit...

J'ai appris des choses interessantes grace a vous, et vous m'avez aide a resoudre un probleme, merci.

- Daniel