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Professeur de sociologie et d'histoire.

mercredi 5 juillet 2006

Pour un Québec visionnaire

Les constats ont été faits par les lucides et les solidaires. Dans les deux cas, on conclue qu’il est urgent d’agir. D’une part, il faut agir pour que le Québec puisse être compétitif pour répondre aux aléas de la mondialisation. C’est une vision tristement économiste, mais tout de même partiellement réaliste dans un contexte néolibéral comme le nôtre. D’autre part, il faut agir pour enrayer la pauvreté, pour organiser socialement et politiquement le Québec…et aussi, pour unir (à moins que ce ne soit «créer»?) une gauche au Québec. Encore une fois un beau et essentiel discours qui ne servira pourtant qu’à éveiller les insomniaques. Des conflits idéologiques entre la gauche et la droite doivent toujours exister afin d’assurer un certain dynamisme aux débats politiques. Mais certaines questions sociales et économiques suffisamment débattues ne peuvent maintenant plus être remises à plus tard.

Qui ne reconnaît pas le choc démographique qui frappera de plein fouet le Québec d’ici cinq ans? Qui ne reconnaît pas les problèmes écologiques actuels qui ne demandent pas des réformes gouvernementales, mais tout simplement une révolution dans la façon de gouverner? Qui ne reconnaît pas que le système électoral est déficient, voire anti-démocratique? Voici trois problèmes criants et reconnus à la grandeur de la société, toute tendance idéologique confondue.

Demandez à n’importe quel politicien s’il est facile de prendre des décisions, d’instaurer de nouvelles lois, d’apporter des changements structuraux à la société et il vous répondra que de gérer une municipalité, une province ou un pays demande du temps. Dépendamment de son appartenance idéologique, il vous répondra peut-être que la lourdeur bureaucratique rend les choses complexes et longues à régler; ou encore que le système tel qu’il est ne favorise pas l’apparition d’idées nouvelles. Mais ici le problème est tout autre. Le problème est le manque volontaire de vision des trois principaux partis politiques au Québec (tenons-nous en à la scène provinciale). Il faut certainement applaudir les initiatives pré-électorales du gouvernement Charest en matière environnementale, mais elles restent insuffisantes et conjoncturelles. Il faut mettre en place un plan à long terme. Il faut une vision de ce que seront les familles québécoises en 2020, une vision de ce que sera l’écosystème québécois en 2050, une vision de ce que pourraient être les préoccupations des futurs électeurs qui commençaient leur première année du primaire cette année.

Les gouvernements sont élus pour quatre années et ils gouvernent en conséquence. Depuis le milieu des années quatre-vingt-dix, en exagérant à peine, on croirait revoir les plans quinquennaux soviétiques. Pourtant (est-ce trop évident?), aucune économie et aucune société ne peuvent se planifier sur une si courte période. À quand un parti politique au Québec qui proposera un programme visionnaire? Messieurs Charest, Boisclair et Dumont, j’attends votre réponse. Les élections s’en viennent.

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