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Professeur de sociologie et d'histoire.

vendredi 18 mai 2012

Lettre à Pauline Marois


Trois-Rivières, le 18 mai 2012

Objet : lettre d’un citoyen préoccupé par l’avenir politique du Québec

Mme Marois,

Mon nom est Daniel Landry. Je suis un citoyen préoccupé par l’avenir politique du Québec. Je ne suis pas militant péquiste. J’ai même déjà écrit un papier  – très acerbe – exigeant votre  retrait au profit d’un autre candidat à la direction du Parti québécois. En d’autres mots, je ne suis donc pas ce que vous pourriez qualifier d’un fidèle allié. Pourtant, c’est à vous que je m’adresse aujourd’hui.



Avec la loi 78, la dérive autoritaire qu’emprunte le gouvernement Charest m’inquiète. Elle rappelle de sombres moments de l’histoire du Québec : la loi du cadenas (1937), la loi sur les mesures de guerre (1970). Nous assistons tout simplement à la déroute d’un gouvernement en panique qui, incapable de trouver un terrain d’entente avec les étudiants, cherche à les écraser. C’est pitoyable! Ce n’est pas à la hauteur des responsabilités des politiciens! 

Or, l’heure n’est plus à la banalisation et au cynisme. Les citoyens désengagés du monde politique doivent s’y intéresser. Les citoyens déjà engagés doivent se mobiliser pour faire entendre leur désapprobation. Et les citoyens qui ont l’honneur d’occuper des postes à l’Assemblée nationale doivent, plus que jamais, prendre leurs entières responsabilités. 

C’est pourquoi je vous écris Mme Marois. En tant que chef de l’opposition officielle à l’Assemblée nationale, vous avez le devoir de tout faire pour éjecter ce gouvernement irresponsable, pour le remplacer. Vous n’êtes pas sans savoir que nous aurons des élections dans les prochains mois. Ce sera l’occasion. Partis politiques, centrales syndicales, associations étudiantes, organisations communautaires, anciens politiciens, intellectuels, tous doivent se coaliser. Contre l’équipe de Jean Charest. Pour le Québec.
Je me permets de vous suggérer trois priorités à mettre à votre agenda pour les prochaines semaines (en ordre d’importance).

1.      Le front commun. Le Parti québécois, Québec solidaire, Option nationale et le Parti vert doivent pouvoir progresser politiquement, sans se nuire lors d’élections. Je souhaiterais que vous conviiez dès cet été l’ensemble des partis progressistes du Québec afin d’établir une stratégie électorale commune (non-agression dans certaines circonscriptions, candidats communs dans d’autres). Afin de reconnaître l’apport des tiers partis, à la suite de l’élection gagnante, votre premier geste en tant que première ministre du Québec pourra être d’amorcer et de réaliser (enfin!) une réforme du mode de scrutin pour le rendre plus proportionnel.

2.      La réconciliation. Il faut retenir dans l’arène politique des individus progressistes qui ont déjà annoncé leur départ (Louise Beaudoin, Pierre Curzi, Lisette Lapointe). Il est aussi nécessaire de vous réconcilier avec votre «ami» Gilles Duceppe qui pourrait agir comme bras droit ou comme conseiller dans votre futur gouvernement. Vous avez besoin de tous ces gens pour battre l’équipe de Jean Charest. La cause est plus importante que les conflits de personnalité et les egos. D’ailleurs, il pourrait s’agir d’un bel exercice afin d’apprivoiser l’art du compromis qui sera au cœur de tout gouvernement à la suite d’une réforme du mode de scrutin.

3.      Le recrutement. De nouveaux candidats progressistes de prestige doivent entrer dans l’arène politique. Il faut les convaincre. Les Québécois ont besoin de stratèges politiques comme Jean-François Lisée ou d’écologistes comme Laure Waridel. Ils ont besoin d’intellectuels, d’artistes et artisans de toutes sortes. On ne doit pas craindre des candidats susceptibles de déranger. La politique doit séduire de nouveau!

Mme Marois, en raison du contexte de crise, vous n’êtes plus seulement chef du Parti québécois. Vous êtes maintenant une chef d’État en devenir. Agissez en conséquence et faites preuve de leadership et d’ouverture. L’avenir politique du Québec en dépend.

Daniel Landry

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