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Professeur de sociologie et d'histoire.

mercredi 5 septembre 2012

Le goût amer de la victoire



La victoire du Parti québécois à l’élection du 4 septembre représente un exploit de taille. Il s’agit pratiquement d’une résurrection après les traumatismes qu’avaient provoqué les départs du caucus péquiste des Curzi, Lapointe, Beaudoin, Aussant, Charette et Rebello dans les 18 derniers mois. C’est aussi un exploit de taille pour Pauline Marois que plusieurs (dont j’étais) déclaraient politiquement morte au début de 2012. La résiliente Marois devient donc la première femme à exercer le rôle de premier ministre dans l’histoire du Québec. Soulignons son flair, son acharnement et son habileté politique.


Les réjouissances péquistes seront cependant de courte durée. Pauline Marois devra diriger un gouvernement minoritaire. Et force est d’admettre que l’opposition libérale-caquiste partage peu d’idées avec le programme péquiste. Ainsi, la courte victoire du PQ goûte amer, car le gouvernement Marois aura les mains liées jusqu’à la prochaine élection.

Pourtant, le PQ n’a que lui à blâmer pour ce résultat décevant. De nombreux acteurs de la société civile (Appel au front uni, juin 2012) ont appelé les trois partis souverainistes de gauche à adopter une stratégie commune pour cette élection. Québec solidaire et Option nationale ont répondu à cet appel, d’une part en s’alliant dans les circonscriptions de Nicolet-Bécancour et de Gouin, et d’autre part en tendant la main au PQ pour d’éventuelles alliances. En revanche, le parti de Pauline Marois a pris le pari qu’il pourrait obtenir une majorité sans l’aide de tiers partis. Or, la nouvelle réalité politique du Québec le rattrape.

Au lendemain de l’élection, dans son point de presse, la nouvelle première ministre reconnaissait elle-même que sa majorité avait été perdue en raison du multipartisme qui caractérise aujourd’hui la politique québécoise. En effet, à la lumière des résultats, la division du vote aurait fait perdre une vingtaine de circonscriptions au Parti québécois. Mais les tiers partis existent bel et bien. Ils croissent même. Et ils n’ont pas à s’en excuser. D’ailleurs, un autre parti de gauche apparaitra probablement d’ici la prochaine élection (NPD-Québec) et sa présence sera tout aussi légitime. Cependant, dans un tel contexte, les coalitions, les alliances stratégiques et, surtout, une réforme du mode de scrutin, semblent plus que jamais nécessaires. Souhaitons que le Parti québécois comprenne cette réalité et s’y prépare pour la prochaine – et pas si lointaine – élection.

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