La
victoire du Parti québécois à l’élection du 4 septembre représente un exploit
de taille. Il s’agit pratiquement d’une résurrection après les traumatismes
qu’avaient provoqué les départs du caucus péquiste des Curzi, Lapointe, Beaudoin,
Aussant, Charette et Rebello dans les 18 derniers mois. C’est aussi un exploit de
taille pour Pauline Marois que plusieurs (dont j’étais) déclaraient
politiquement morte au début de 2012. La résiliente Marois devient donc la
première femme à exercer le rôle de premier ministre dans l’histoire du Québec.
Soulignons son flair, son acharnement et son habileté politique.
Les
réjouissances péquistes seront cependant de courte durée. Pauline Marois devra
diriger un gouvernement minoritaire. Et force est d’admettre que l’opposition
libérale-caquiste partage peu d’idées avec le programme péquiste. Ainsi, la
courte victoire du PQ goûte amer, car le gouvernement Marois aura les mains
liées jusqu’à la prochaine élection.
Pourtant,
le PQ n’a que lui à blâmer pour ce résultat décevant. De nombreux acteurs de la
société civile (Appel au front uni, juin 2012) ont appelé les trois partis
souverainistes de gauche à adopter une stratégie commune pour cette élection. Québec
solidaire et Option nationale ont répondu à cet appel, d’une part en s’alliant
dans les circonscriptions de Nicolet-Bécancour et de Gouin, et d’autre part en
tendant la main au PQ pour d’éventuelles alliances. En revanche, le parti de
Pauline Marois a pris le pari qu’il pourrait obtenir une majorité sans l’aide
de tiers partis. Or, la nouvelle réalité politique du Québec le rattrape.
Au
lendemain de l’élection, dans son point de presse, la nouvelle première
ministre reconnaissait elle-même que sa majorité avait été perdue en raison du
multipartisme qui caractérise aujourd’hui la politique québécoise. En effet, à
la lumière des résultats, la division du vote aurait fait perdre une vingtaine
de circonscriptions au Parti québécois. Mais les tiers partis existent bel et
bien. Ils croissent même. Et ils n’ont pas à s’en excuser. D’ailleurs, un autre
parti de gauche apparaitra probablement d’ici la prochaine élection
(NPD-Québec) et sa présence sera tout aussi légitime. Cependant, dans un tel
contexte, les coalitions, les alliances stratégiques et, surtout, une réforme
du mode de scrutin, semblent plus que jamais nécessaires. Souhaitons que le
Parti québécois comprenne cette réalité et s’y prépare pour la prochaine – et
pas si lointaine – élection.
Aucun commentaire:
Publier un commentaire