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Professeur de sociologie et d'histoire.

vendredi 23 novembre 2012

Tragédie à Gaza



http://www.readmeansrun.com/blog/2009/01/stop_the_bombing_of_gaza.html

La récente opération militaire israélienne contre Gaza («Pilier de défense», du 14 au 21 novembre 2012) rappelle la situation catastrophique dans laquelle se trouve près de deux millions de Palestiniens habitant cette région. Depuis la prise du pouvoir par le Hamas en 2007, Israël et l’Égypte imposent un blocus terrestre et maritime sur Gaza. Les conséquences sur la santé, l’alimentation et le chômage des Gazaouis sont alarmantes. De nombreuses organisations non-gouvernementales (ONG), incluant Amnistie internationale, Human Rights Watch et Oxfam International, condamnent la situation. Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, déplore ce blocus qui «punit des civils innocents». Mais Israël réprime durement toute tentative de briser le blocus, comme en font foi l’arrestation régulière de pêcheurs gazaouis et l’arraisonnement de la flottille de bateaux pour Gaza (mai 2010).



«Pilier de défense» constitue une récidive par rapport à l’opération «Plomb durci» (décembre 2008 et janvier 2009)[1]. Dans les deux cas, ces opérations militaires sont décrites par Israël comme des ripostes à la violence des militants du Hamas. Mais dans les deux cas, la dite riposte est tellement disproportionnée (par ses attaques contre des civils notamment) qu’elle n’a pour effet que d’exacerber la colère des belligérants et d’assurer la reprise éventuelle des frappes.

À quand la paix?

Comment se fait-il qu’aucun processus de paix ne soit en cours entre Israéliens et Palestiniens? Ne serait-il pas avantageux, pour la stabilité de la planète, de pacifier cette région hautement à risque? Derrière ces questions naïves se cache une réponse évidente. Bien sûr que oui, il presse d’instaurer un nouveau processus de paix. Or, il faut dire que le statu quo favorise Israël, car la colonisation se poursuit (particulièrement à Jérusalem-Est) et les divisions politiques s’accentuent au sein même des Palestiniens (entre Hamas et Fatah). De plus, toute initiative diplomatique de la part de l’Autorité palestinienne est d’emblée discréditée (tentative de reconnaissance étatique à l’ONU et à l’Unesco en 2011, tentative de reconnaissance comme État non-membre de l’ONU en 2012). Par sa mauvaise foi, le gouvernement Netanyahou parvient à ses fins. Il accroît l’iniquité du rapport de force entre les deux peuples et il contrôle cyniquement l’agenda de guerre, au gré des conjonctures politiques et électoralistes. Dans un tel contexte, la trêve conclue le 21 novembre ne constitue rien d’autre qu’une ponctuation dans cet ambitieux projet belliqueux. 

Les deux camps s’éloignent significativement d’une possibilité de paix à court ou moyen terme. Les tensions s’amplifient et créent subrepticement les conditions d’émergence de sentiments de haine, de xénophobie et d’intolérance. Malheureusement, dans un tel contexte, d’aucuns considéreront – à tort – que le recours à la violence s’avère nécessaire. Illusion créée de toutes pièces par le manque de volonté politique au sein du gouvernement israélien. 

Pareille situation appelle une réprobation d’Israël par les puissances de la planète, ne serait-ce que pour établir un rapport de force équitable, nécessaire à toute négociation. La communauté internationale devrait dénoncer vivement la présente situation à Gaza. Pourtant, les alliés «inconditionnels» d’Israël (le Canada en tête) s’y refusent obstinément. Par le fait même, ils deviennent ainsi complices de pratiques ségrégationnistes et d’une crise humanitaire. Par le fait même, surtout, ils tournent le dos à la diplomatie.



[1] Cette opération a été durement condamnée par le Rapport Goldstone (du Conseil des droits de l’Homme des Nations unies) qui décrit certaines des actions militaires israéliennes comme des crimes contre l’humanité.

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