À quelques jours des élections provinciales, les principales formations politiques effectuent leur blitz final de campagne. Des doutes sérieux se posent quant à la possibilité que le Parti québécois (PQ) soit réélu. Il est bien possible qu’à peine 18 mois après la fin de l’ère Charest (2003-2012), nous assistions déjà au retour des Libéraux au pouvoir.
Si tel est le cas, au matin du 8 avril, des membres du PQ crieront haut et fort qu'ils ont perdu en raison : de la région de Québec, de l'engouement pour Québec solidaire et… des étudiants ontariens (peut-être tomberont-ils dans le cynisme). Ma lecture est tout autre. Depuis sa déprime post-référendaire, le Parti québécois s'enfonce dans une approche anti-souverainiste. Il est seul responsable de sa chute. Quelques exemples récents :
• Attendons les «conditions gagnantes» (concept maintenant tabou, mais remplacé par «quand les Québécois seront prêts»); mais entre-temps, ne parlons pas du pays (son économie, ses projets, ses relations, ses frontières, etc.).
• Jouons la carte de l'électoralisme lors de moments de crise (amphithéâtre de Québec, Printemps québécois, Charte des valeurs); mais dans les faits, évitons les positions audacieuses sur la langue, le transport, l'éducation (d'ailleurs, la hausse annulée des frais universitaires fut récupérée dans la fiscalité des étudiants).
• Faisons passer des décisions déjà prises pour du courage (Gentilly); mais jouons le jeu de la grande entreprise avec le pétrole sale d'Enbridge et le mirage d'Anticosti.
• Faisons croire aux fidèles de la première heure que le moment de la coalition référendaire est arrivé (je les entends s'écrier «vous rappelez-vous 1968? Et 1976?» au moment du poing [sic] tournant de la campagne); mais rassurons du même souffle les fédéralistes, les anglophones, le ROC, les maisons de cotation, etc., etc. Ceci n'est pas une coalition, c'est une schizophrénie.
L'idée d'indépendance n'est pas morte, mais le PQ l'a endormie pour une génération (dans le meilleur des cas). Est-ce que je préfèrerais un gouvernement péquiste à un gouvernement libéral? Assurément. Mais je préfèrerais encore davantage un changement complet de paradigme qui, souhaitons-le, mènerait le Québec à cesser de dire sa «société distincte», plutôt que de la vivre. Quelques exemples : tendre vers une indépendance énergétique et un développement d'énergies vertes, réformer (enfin!) le mode de scrutin, mettre en place de grands chantiers pour revoir la fiscalité des citoyens et entreprises du Québec, repositionner l'éducation et la recherche comme priorité nationale, libérer les «Québecs» (selon la formule de Roméo Bouchard) en redonnant du pouvoir aux communautés locales.
Le Parti québécois n’aura pas mon vote le 7 avril. Et, je sais, il y a des chances que je vive une déprime politique le 8 avril au matin. Mais à mes yeux, ce parti n'est plus le navire qui porte l’espoir d’un Québec indépendant. Je cherche mon espoir à bâbord.
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