Vivement
des élections à l’automne! Les Canadiens pourraient bien tourner le dos à une
décennie de pouvoir conservateur (2006-2015). Stephen Harper est devenu premier
ministre du Canada deux ans à peine après qu’une fusion de l’Alliance
canadienne et du Parti progressiste-conservateur eût donné naissance à sa
nouvelle formation politique, le Parti conservateur du Canada. Depuis, le «plus
meilleur pays au monde» (dixit Jean Chrétien) n’est plus le même.
Souffrons-nous de «Harper-phobie»?
N’allons-nous
pas trop loin dans cette dénonciation? Harper n’est pas un dictateur tout de
même! D’ailleurs, certains affirment que ni le Nouveau parti démocratique (NPD)
ni le Parti libéral du Canada (PLC) ne constitueraient des alternatives de
choix, particulièrement pour les Québécois. Qu’il serait surprenant qu’un
gouvernement fédéral (de quelque allégeance qu’il soit) offre une voie de
sortie à l’impasse constitutionnelle. Au fond, peut-être souffrons-nous simplement
de «Harper-phobie», ou d’un désir irrationnel de changement après un règne
conservateur d’une décennie.
Non!
Cette nécessité de changement est plus profonde. Seulement dans les rapports
entre Ottawa et ses provinces, difficile de faire pire que le gouvernement
Harper. Ce dernier rompt le dialogue (absence aux rencontres des premiers
ministres provinciaux) et agit de façon arrogante et irresponsable sur
plusieurs dossiers, ne considérant aucunement les conséquences sociales et
financières de ses décisions sur les provinces (jeunes contrevenants, registre
des armes à feu, baisse des transferts en santé, rehaussement du plafond de CÉLI).
Même
si nous admettions que le NPD et le PLC ne feraient pas mieux en matière
constitutionnelle, nous devrions reconnaître que les Canadiens subissent,
depuis 2006, un changement radical (à la
racine) de leur culture politique. De façon insidieuse, le gouvernement Harper
transforme irrémédiablement le Canada. Quelques exemples de ces transformations
concernent la science : musèlement de chercheurs, baisse de fonds de recherche,
abandon du formulaire long du recensement, proximité du gouvernement avec des
climato-sceptiques. D’autres exemples concernent l’environnement et le
rôle du Canada à l’international : retrait du protocole de Kyoto et mutisme du
Canada dans les sommets sur l’environnement, promotion de l’exploitation des
sables bitumineux et soutien aux entreprises polluantes, transformation
idéologique de l’aide internationale et soutien inconditionnel à Israël. Enfin,
notons quelques attaques en règle à la vitalité démocratique du pays :
politique du silence face aux médias, attaques ciblées contre la chaîne
d’information publique, modification au mode de financement des partis
politiques et, surtout, désir de soumettre les pouvoirs législatif (Chambre des
communes) et judiciaire (Cour suprême) au service de l’exécutif (Conseil des
ministres).
Que faire?
Des
élections auront lieu le 19 octobre prochain. Il s’avère impératif de bloquer
le Parti conservateur du Canada. Mais cette tâche ne sera pas des plus simples,
car ils possèdent le meilleur financement pour la campagne électorale, ils
présenteront quelques candidats vedettes au Québec (Deltell, Déry, Rayes) et,
surtout, ils profiteront de la division du vote. En ce sens, il est d’ailleurs regrettable
que le PLC n’ait pas appris des dernières déconfitures électorales (Martin en
2006, Dion en 2008 et Ignatieff en 2011). Plutôt que de créer des alliances
stratégiques ponctuelles avec le NPD de Thomas Mulcair – qui semble avoir le
vent en poupe – ils s’obstinent à vouloir faire revivre un passé révolu, comme
s’ils représentaient toujours le «parti naturel du pouvoir». Rappelons que dans
plusieurs circonscriptions ontariennes, la division du vote néo-démocrate et
libéral risque de faire élire plusieurs candidats conservateurs. Cela
représente d’ailleurs une explication de la majorité conservatrice de 2011.
Le
Québec n’est pas à l’abri d’une division du vote bloquiste, néo-démocrate et libéral
qui permettrait d’ouvrir la voie à quelques conservateurs. Compte tenu de notre
mode de scrutin archaïque, il semble que l’électeur désireux de se débarrasser
du gouvernement Harper devra malheureusement faire preuve de stratégie et
rechercher «le moindre mal» plutôt que le «meilleur» des candidats.
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