Bien
que le système politique aux États-Unis ait des allures de bipartisme (républicains
contre démocrates), le socialisme étasunien possède une longue histoire. Le
Socialist Party of America (et son candidat à la présidence Eugene Debs) a
constitué une force importante dans les années 1910 et 1920. Il est cependant
exact que jamais cette idéologie n’a réussi à quitter la marge. Cela s’explique
sans doute partiellement par le programme interventionniste des démocrates de
Roosevelt dans les années 1930. Mais surtout, socialisme et communisme semblent
longtemps avoir été considérés comme synonymes. D’ailleurs, au milieu du XXe
siècle (1950-1954), le maccarthysme traquait toute personne soupçonnée d’accointance
avec les communistes. Une chasse aux sorcières s’était mise en place et elle
ciblait, parfois de façon totalement arbitraire des gens qui dérangeaient
l’ordre établi : intellectuels, artistes et homosexuels.
Bien
que le socialisme soit resté marginal, il survit. C’est d’ailleurs au sein du
Socialist Party of America que Bernie Sanders a fait son éducation politique.
Il a participé aux divers mouvements sociaux en effervescence au cours des
années 1960 (pour les droits civiques, contre la guerre du Vietnam). D’autres
partis politiques tels que le Socialist Workers Party[1]
étaient aussi très actifs à cette période, mais leur importance électorale est
demeurée très modeste et elle ne cesse de s’amenuiser depuis.
Même
après la chute de l’Union soviétique (1991), il semble toujours difficile de
s’afficher comme socialiste aux États-Unis. Pour dénigrer Obama lors de la
campagne de 2008, des journalistes de médias conservateurs (de Fox News
notamment) l’accusaient d’être socialiste (l’insulte suprême!). Cependant,
depuis cette campagne, des maux du système capitaliste ont émergé (crise des subprimes et endettement des ménages;
crise sociale), favorisant possiblement une réconciliation avec quelques idées
socialistes. Sanders centre d’ailleurs son combat sur la redistribution des
richesses et sur une révolution politique qui permettrait une plus grande
implication de la population dans le monde politique[2].
L’originalité
de Sanders, c’est sa capacité à s’opposer au pouvoir en place. C’est comme
socialiste qu’il est devenu maire de Burlington (1981-1989) et comme candidat
indépendant qu’il devient successivement représentant (1991-2007) puis sénateur
(2007 à aujourd’hui) du Vermont. En 2016, c’est maintenant par « intégration
subversive »[3],
qu’il souhaite représenter la formation démocrate et être élu 45e
président des États-Unis en novembre. Peut-être est-il révolu le temps où «
socialisme étasunien » était un oxymore. Car la popularité grandissante de
Sanders, ainsi que la nature des problèmes socioéconomiques des États-Unis,
laissent présager la résurgence de cette orientation politique au cours des
prochaines décennies.
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