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Professeur de sociologie et d'histoire.

samedi 14 mai 2011

Les gazouillis du printemps arabe

Depuis décembre 2010, le monde arabe est frappé par une agitation populaire sans précédent. Des dictateurs au pouvoir depuis plusieurs décennies se font montrer la porte par leurs concitoyens (Ben Ali en Tunisie, Hosni Moubarak en Égypte). Cette agitation est nommée «printemps arabe» en référence au «printemps des peuples» de 1848 en Europe. Compte tenu du caractère anti-démocratique de plusieurs régimes dans le monde arabe, le soulèvement de ces peuples n’a rien de surprenant. Ce qui surprend, c’est plutôt la soudaineté des révoltes et la vitesse à laquelle elles se sont répandues. En quelques semaines seulement, les bourgeons du printemps arabe ont notamment fleuri en Algérie, au Bahreïn, au Yémen, en Libye, en Syrie et en Jordanie. 


Certes, d’un lieu à l’autre, les enjeux, les revendications et l’intensité des révoltes varient. Ainsi, le déroulement des événements s’avère très distinct d’un pays à l’autre, comme en fait foi l’implication de l’OTAN dans ce qu’il faut désormais appeler la «guerre de Libye». Toutefois, la similarité des cas réside dans les moyens de communication au cœur de ces événements. Une diffusion virtuelle d’informations se réalise avec une efficacité prodigieuse par l’entremise de textos, de tweets (gazouillis en français), de statuts Facebook, de photos, d’articles ou d’extraits vidéo. Internet agit comme combustible aux révoltes. En ce début de décennie, le web 2.0 frappe le pouvoir politique de plein fouet!

Le web 2.0, c’est le nom donné à cette seconde révolution Internet qui place les usagers au cœur de la production des connaissances. Les utilisateurs ne sont plus passifs. Par l’entremise de wikis, de blogues ou de médias sociaux tels Facebook, Twitter ou YouTube, les usagers diffusent et partagent des informations à un rythme effréné. À l’image des communications en société, ces informations sont généralement inoffensives. Mais elles peuvent aussi comporter une perspective politique et une capacité de déstabiliser des régimes apparemment inébranlables. Il n’y a qu’à penser aux actions de Julian Assange et Wikileaks pour s’en convaincre.

Web 2.0 et action politique sont donc maintenant indissociables. Barack Obama l’avait démontré en utilisant ces nouveaux moyens de diffusion de manière inédite lors de la campagne présidentielle de 2008. Avec le printemps arabe, c’est maintenant la société civile qui innove. Les réseaux sociaux virtuels permettent d’incarner une nouvelle agora pour le peuple. Le lieu de rencontre est virtuel, mais l’inspiration et l’action politique sont bien réelles. Après les actions des zapatistes du Chiapas en 1994, les populations du monde arabe ont poussé un peu plus loin l’efficacité d’Internet comme procédé de mobilisation.

Par sa portée révolutionnaire, le web 2.0 joue en quelque sorte un rôle analogue aux caricatures antimonarchistes qui circulaient sous le manteau à l’aube de la Révolution française (1789). Il permet de diffuser une information extrêmement difficile à contrôler. En Tunisie par exemple, le web 2.0 a permis de convier la population à des rassemblements par l’entremise de Facebook, de diffuser des images de répressions policières à l’endroit de manifestants grâce à YouTube, de critiquer les discours de Ben Ali instantanément via Twitter. Grâce aux nouvelles technologies de l’information et des communications, les Tunisiens ont littéralement renoué avec la liberté d’expression.

C’est un lieu commun que d’affirmer qu’Internet est un moyen, et non une fin en soi. Évidemment, une révolution ne peut se matérialiser que si une population se soulève réellement et physiquement. Et cela n’a rien de virtuel! Mais Internet peut permettre de diffuser, de sensibiliser, de politiser. En 2011, la plus belle leçon de démocratie nous est venue du monde arabe.

1 commentaire:

Anonyme a dit...

J'aime vraiment votre article. J'ai essaye de trouver de nombreux en ligne et trouver le v?tre pour être la meilleure de toutes.

Mon francais n'est pas tres bon, je suis de l'Allemagne.

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